• Ender's Game

    *originellement publié le 16 novembre 2013* 

    Ender's Game (ou La stratégie Ender en VF, titre qui ne traduit hélas absolument pas l'ambiguité du titre VO) est au départ un roman de science fiction d'Orson Scott Card, paru en 1985, je crois et qui a reçu de prestigieux prix comme les Hugo et Nebula.

    Ender's Game

    C'est l'histoire d'un jeune garçon, Andrew "Ender" Wiggin, surdoué de son état, recruté par les militaires pour intégrer une école de guerre afin de faire de lui le futur commandant de la flotte terrestre contre un ennemi extraterrestre, les Formics (ou Doryphores en vf), contre qui l'humanité s'est battue avec pertes et fracas cinquante ans plus tôt.

    Le film est étonnement fidèle au roman malgré les coupes et les racourcis. Pour pouvoir réduire le roman à un film d'une heure et demie ou deux heures, il a fallu rétrécir la timeline. Le roman se déroule sur sept ans, et suit la progression d'Ender, surmontant les épreuves et la pression qu'on lui met volontairement pour le tester. Le film se déroule sur quelques mois.

    Le livre partait d'Andrew à l'âge de six ans pour arriver à treize ans. Le film se contente d'un Andrew déjà adolescent. C'est un choix judicieux, car ce qui fonctionne dans un roman ne fonctionne pas forcément dans un film. Imaginez deux heures de film avec trois ou quatre acteurs différents pour le même rôle? Cela aurait de quoi dérouter le spectateur. Et l'avantage d'un Andrew adolescent est de rendre l'histoire et les personnages plus crédibles. Voir un gamin de six ans accomplir ces actes n'aurait sans doute aucun intérêt, d'autant plus que le sujet est respecté.

    Le tout n'est pas simplement de voir l'apprentissage de jeunes enfants et ados pour devenir de parfaits soldats et excellents stratèges, dans une guerre imminente, mais de voir le rôle des adultes, et la manipulation dont ils font usage pour former ces jeunes comme ils le souhaitent. Le film, en cela, garde la cruauté du propos du livre. Et c'est là que le titre français ne fait pas honneur à ce thème. Jusqu'à a fin, Andrew croit que c'est une simulation, un JEU (Game). Ce sont des enfants qui jouent à la guerre. Sous l'oeil des adultes qui les encouragent, leur mettent la pression.

    Ils ont trouvé un candidat prometteur en la personne d'Andrew Wiggin, troisième d'une fratrie dans un monde qui n'autorise plus que deux naissances. Il est donc un outsider, persécuté par son psychopathe de grand-frère, Peter, et aidé par sa douce grande soeur, Valentine. Andrew est un garçon qui voudrait qu'on lui foute la paix. Il est naturellement gentil, mais il dispose d'un sens de la survie tel qu'il n'ésite pas à écraser ses adversaires dès le premier combat, pour ne pas avoir à combattre une deuxième fois.

    Pour jouer ce garçon à la fois candide, innocent, et pourtant vindicatif, Asa Butterfield (déjà vu dans Hugo Cabret où il tenait le rôle titre) est parfait. Son grand regard bleu nous fait parvenir toutes les émotions. C'est d'ailleurs l'un des atouts du film. Les autres jeunes acteurs sont tous très bons. En fait, je les trouve meilleurs que les adultes; Harrison Ford (le chef militaire prêt à tout pour gagner cette guerre, pro de la manipulation et de la fin justifie les moyens), se contente de faire la moue et de proférer ses paroles avec un air pas content et autoritaire.

    Les séances d'entrainement dans la salle 0-Gravité sont bien rendues. Et j'aurais aimé qu'on s'y attarde un peu, rien que pour le fun. Oui, saymal. XD.

    J'ai bien aimé ce film. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, en réalité. Il n'est pas parfait, loin de là, et cela est dû principalement à la gestion du temps. On passe trop vite sur certains aspects. On montre bien le côté enfantin et sérieux de ces enfants, qui s'amusent comme des gosses en découvrant l'apesanteur, mais redeviennent des petits soldats dès qu'il faut vaincre le camp adverse. Mais on passe trop vite sur certains cheminements d'Andrew, ce qui fait que parfois, il est difficile de s'identifier à lui.

    Dans le livre, il y a une intrigue parallèle, qui se passe sur terre, et concerne Valentine et Peter, qui, sous des pseudos, prennent le contrôle de la sphère intellectuelle et politique sur les réseaux sociaux. Le film n'en parle absolument pas, et ce n'est pas plus mal. Certes, c'est une intrigue très intéressante et visionnaire (imaginer le pouvoir de Facebook plus de vingt ans avant sa création, c'est fort!), mais n'apporte pas grand-chose, d'autant plus que le côté visionnaire de l'oeuvre n'existe plus dans notre époque où les jeunes sont nourris à la technologie dès le berceau. L'impact n'existe pas pour eux.

    Au fond, ce n'est pas un film très impressionnant. Et ce n'est pas négatif. J'entends par là que je n'ai pas eu l'impression d'avoir regardé un blockbuster ordinaire. Il n'a pas tant d'ampleur ni le côté épique qu'un blockbuster sci-fi lambda aurait eu - ou tenté d'avoir. Il reste simple, à sa mesure, et je n'ai pas non plus l'impression qu'on a foutu des effets spéciaux rien que parce qu'on pouvait en mettre. Certes, c'est high-tech, mais ça reste raisonnable et totalement justifié. Même la bataille finale, car c'est une simulation, parce que c'est la bataille de l'humanité conttre les Doryphores, donc forcément, ça se doit d'avoir une certaine ampleur en ressources, en munitions, etc. Il n'y a pas d'esbrouffe, et ça, j'ai plutôt apprécié.

    Mais surtout, le film pose des questions. La guerre à coups de drônes. Les dommages collatéraux "nécessaires", les limites qu'on s'impose, ou qu'on repousse sans cesse, au nom du bien fondé d'une cause... était-ce réellement bien fondé? La compréhension de son énnemi. Le respecter. Un héros peut-il être génocide? C'est un peu maladroit dans le traitement, mais elles sont le mérite d'exister. Et elles font bizarrement écho au monde actuel. Je ne rentrerai pas dans la polémique Orson Scott Card, mais Ender, avec trois cents pages, foisonne d'idées en avance sur leur temps à l'époque, et trouve aujourd'hui une signification bien particulière.

    Bref, j'ai passé une bonne soirée!


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